Choeur XVIème, Nef moderne XVIIème
L’église Saint Antonin est formée d’un choeur, construit fort joliment au XVIème siècle, sur lequel est adossée, à l’Est, une petite sacristie du même style, et d’une nef moderne, sans doute recontruite sur des fondations anciennes dont un arc roman, au Nord, est visible de l’extérieur en arrivant.
Cette église est dédiée à Saint Antonin, martyr à Apamée en Syrie, au IVème siècle. En 1471, le témoignage d’un habitant atteste qu’elle était propriété du Roi (Louis IV). Aurait-elle appartenu aux Templiers de Sainte Vaubourg, puis serati-elle devenue un bien de la couronne ?
Elle était encore propriété du Roi en 1789 : les habitants de Hautot, convoqués au son de la cloche, comme à l’accoutumée, se sont réunis le 29 mars dans la nef de l’église pour rédiger “le cahier des doléances” qui commence par ces mots : “Le Seigneur de ce lieu est le Roy, notre souverain Seigneur, qui nomme au bénéfice de cure”… ce qui atteste la propriété du Roi qui nomme le Curé et charge la paroisse (la commune) de l’entretien de l’église.
Bien de la couronne, elle est devenue bien national en 1791, puis fut vendue, et acquise par la famille Véry de la Pierre, alors propriétaire du château. Monsieur Véry de la Pierre y fût enterré dans le choeur en 1821, et son épouse à côté de lui en 1851. leur fille Constance épousa Louis Lézurier de la Martel ; c’est elle qui sculpta les deux statues qui ornent le fond de la nef, représantant leurs saints patrons, Saint Louis et Sainte Constance. Leur fille, Louise Lucienne Fizeaux de la Martel, s’est retirée au château de Sainte Vaubourg et , devenue veuve, légua la chapelle, ainsi que quelques biens pour l’entretien de celle-ci, à la commune qui en devint ainsi propriétaire en 1863.
L’histoire de cette église explique peut-être quelques légendes qui lui sont attribuées : le curé pouvait y célébrer la messe, botté, pistolet sur l’autel, un cheval sellé à la porte…, ou encore, les jeunes gens pouvaient s’y marier sans le consentement de leur parents…
Cette église est aujourd’hui un lieu de prière et de recueillement des paroissiens pour l’office des Vêpres, le premier vendredi, et la messe le premier samedi de chaque mois, ainsi qu’à l’occasion de fêtes, de baptêmes, de mariages et d’inhumations. On fête Saint Antonin le 2 septembre, et reporte se célébration le premier dimanche de ce mois, jour de la fête du village.
L’autel, d’un très pur style Louis XV, est sculpté dans du bois de chêne ciré ; il enveloppe une table d’autel en pierre très ancienne, dont on ignore encore l’origine ainsi que la signification des inscriptions qu’elle porte. La face avant est ornée d’un bas-relief représentant “l’Agneau immolé”, couché sur une croix (symbole de la miséricorde de Dieu) posée sur le Livre de l’Apocalypse ; une couronne de feuilles de chêne et d’olivier entrelacées, symboles de la royauté et de la paix de Dieu entoure ce motif. Les angles de l’autel portent quelques épis de blé et grappes de raisins dorés, rappalant le pain et le vin consacrés sur l’autel pendant l’Eucharistie. Le tabernacle, en bois doré, est ornée du même motif, “l’Agneau immolé”.
Au-dessus de l’autel, un rétable majeur représente, à sa partie supérieure, la Transfiguration (au sommet du mont Thador, à l’Est de Jérusalem, près de la vallée du Jourdain) : Jésus Christ, au centre, le prophète Elie à gauche et Moïse à droite, sont soulevés de terre, dans une nuée ; les trois apôtres Pierre, Jacques et Jean (Pierre au centre et Jean à côté de lui), couché à terre, sont bouleversés devant cette vision et par la Parole de Dieu qui se faisait entendre du Ciel, disant : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez Le”. Ce motif évoque la fondation de l’Eglise sur l’Ancien et le Nouveau Testament.
L’Evangile selo, saint Matthieu rapporte aussitôt après la Transfiguration, au chapitre 17, la guérison du jeune épileptique que nous voyons représenté à la partie inférieure de ce rétable.
A l’angle inférieur gauche, un vieillard se penche sur un grand manuscrit ; l’artiste a sans doute voulu représenter l’évangéliste saint Matthieu lui-même.
Il s’agit d’une copie d’un tableau situé au Vatican dont la partie supérieure est peinte par Raphaël ; la partie inférieure est attribuée à l’un de ses élèves, Giulio Romano.
Au dessus, un médaillon porté par des ailes d’aigle est frappé des lettres I.H.S. (Jésus Hominum Salvator ou Jésus Sauveur des Hommes)
Le rétable est encadré par deux pilastres portant chacun un vase pyrogène (le feu, symbole de l’amour) et surmonté d’une croix, passage de la mort terrestre à la vie divine.
La tradition reconnaît saint Antonin, dans la statue à gauche de l’autel, tenant dans la main la palme de martyr ; il est vêtu comme un prêtre du XVIIème siècle.
A droite de l’autel se trouve la statue de la Vierge Marie portant son Fils ; elle tient dans sa main droite un rouleau, le rouleau des Psaumes, prière par excellence, à laquelle se réfère Marie dans son Magnificat.
Dans le choeur, à droite, une “copie d’époque” du tableau de Raphaël représentant la Vierge et l’Enfant (Don de la famille Bataille, propriétaire du château, vers 1870). L’original de ce tableau se trouve à la pinacothèque de Munich.
Les deux fresques, qui se font face, au milieu du choeur entre les fenêtres, représente deux apôtres, les évangélistes saint Matthieu, avec un ange et saint Marc, avec un lion.
Les deux motifs, bleu et rouge, sont des croix de consécration de cette église ; une troisième est placée derrière le tableau de la Vierge.
Un ange de marbre, don de la famille Lézurier de la Martel, exprime avec grâce une salutation.
Les poutres de la charpente s’encastrent dan le mur à travers des gueules de dragon, comme on en retrouve dans l’église de Saint-Pierre de Manneville, sculptées sans doute par des charpentiers normands.
La “poutre de gloire”, située à la séparation du choeur et de la nef, supporte un Christ en Croix, entouré de Marie, sa Mère, et de saint Jean, apôtre. C’est âr sa mort terrestre suivie de sa résurrection que s’est manifestée aux hommes la gloire du Fils de Dieu.
Le vitrail de la Crucifixion, à gauche de l’autel, date du XVIème siècle, les autres vitraux du choeur portent des médaillons de la même époque pour certains,marqués aux lettres I.H.S., ou plus récents, marqués des lettres AV.M. entrelacées pour AVe Maria (Bénie sois-tu Marie).
Deux bas-reliefs en bois, peints, situés de chaque côté de la Nef représente la Vierge et saint Sauveur.
Les deux vitraux, au fond de la Nef, datent du XVIème siècle ; ils proviennent de la chapelle des Templiers de sainte Vaubourg. Ils représentent, à droite, “Jacques le clavier”, économe quildétient les clefs, et de l’autre côté, un moine ou un chevalier en prière. Les douze autres vitraux qui ornaient cette chapelle ont été rassemblés dans la Commanderie de Villedieu lès Maurepas, près de Trappes.
Le bénitier, au bas de la nef, est une copie d’un joli bénitier roman (don de Mr. Baussant). L’église est surmontées d’un petit chaocher trapu, restauré en 1994, qui abrite deux cloches : la plus grosse sonne le do dièze, installée en 1887 (donnée par la famille de Trémauville), la seconde “Constance” sonne le fa ; elle a été bénie par l’archevêque de Rouen, Monseigneur Duval, le 25 mars 1994, en présence de nombreux donateurs. Elle envoie son message : “J’appelle à la prière et à la paix”
Hautot, le 26 mars 1994, L.B.