Autrefois propriété de Mme CLARET, elle a été acquise par la Commune de Saint-Pierre de Varengeville avec le projet de la remettre en état progressivement.
C’était autrefois, même les plus jeunes s’en souviennent, un lieu de pèlerinage. On y venait particulièrement présenter à l’intercession de St Gilles, les enfants qui étaient « en retard » pour marcher.
C’était une intercession qui se faisait soit auprès de la statue, soit en tournant un certain nombre de fois autour de la chapelle.
Ces croyances populaires ne faisaient de mal à personne ; elles avaient au moins l’avantage de rapprocher du ciel !
La très ancienne localité de Warengiervillam soit la villa de Wareng, possédait autrefois une église dédiée à Notre-Dame. Celle-ci fut remplacée par l’église Saint- Pierre entre 1861 et 1868 sur les plans de l’architecte Barthélémy, Saint-Pierre de Varengeville a la chance de posséder sur son territoire 4 chapelles !
Sainte-Anne, dans un ancien manoir seigneurial bordant la Seine. Il en fut question dans un précédent« Regards ».
Celle du château des Beaumets plus connu sous le nom de château Breton, un ancien propriétaire.
Celle de Sainte-Thérèse, édifiée en 1925 sur l’initiative de Monsieur l’abbé Marius Roussel, curé de la paroisse.
Monsieur l’abbé Marius Roussel (1871 – 1956) fut curé de la paroisse du Paulu pendant 37 années. Il fut en 1925 le fondateur de la chapelle Sainte-Thérèse. Il y repose devant le choeur, sous une simple pierre, sans inscription.
La plus ancienne de toutes : celle de Saint Gilles, lieu de pèlerinage autrefois très fréquenté. Notre petite chapelle située au milieu d’un bois à proximité de l’antique voie romaine de Rotomagus (Rouen) à Juliabona (Lillebonne). On ne connaît pas la date de sa fondation. L’on sait qu’elle appartint à la grande abbaye de Saint Wandrille et aurait été édifiée au XVIIe sur les ruines d’un ancien ermitage. Dédiée à Saint Gilles, elle était l’objet d’un grand pèlerinage : le jour de la fête du Saint le 1er septembre, trois messes y étaient célébrées. En plus des paroissiens, il y avait de nombreux pèlerins des environs qui, en voitures, à cheval, accompagnaient leurs enfants, car Saint Gilles, entre autres, avait le pouvoir de guérir de la peur !
Qui était Saint Gilles ?
Athénien ou grec de naissance ? Aegidius, en français Gilles vit le jour dans les années 470. Très jeune, il voulut se retirer loin du monde pour adorer Dieu. Il séjourna en Provence auprès de Saint Césaire, évêque d’Arles. Il se retira près d’Uzès, où il rencontra un solitaire grec nommé Verédème, puis il remonta la rive droite du Rhône, et s’enfonça dans une profonde forêt. Dépourvu de toute nourriture, il se contentait du lait d’une biche qu’il avait apprivoisée et logeait dans une grotte. Le roi Théodoric étant à la chasse avec ses officiers, l’un d’eux poursuivit la biche et lui tira une flèche. Pour l’empêcher d’être atteinte Saint Gilles tendit son bras et la flèche se planta dans sa main. Informé du fait, le roi vint le féliciter et lui accorda la propriété de la grotte et une partie de la forêt et empêcha ses soldats d’y chasser. Le roi l’encouragea à fonder un monastère, ainsi que l’évêque d’Arles. Sur l’emplacement de la grotte, Saint Gilles fonda vers 510 un monastère qui devint plus tard l’abbaye de Saint Gilles, objet de pèlerinages très fréquentés, et une ville sur les bords du Rhône (?) Saint Gilles du Gard !
En 514 il se rendit à Rome et rencontra le pape Symmaque. Il mourut à un âge avancé sans que l’on sache la date exacte, mais son culte se répandit rapidement dans toute l’Europe.
De nos jours, on peut voir son tombeau dans la crypte de la basilique du XIIe de Saint Gilles du Gard. Revenons à notre petite chapelle, à partir de 1925, elle sera délaissée au profit de la chapelle Sainte Thérèse construite en 1925 à l’initiative de Monsieur l’abbé Marius Roussel et inaugurée le 6 octobre de la même année par Monseigneur l’archevêque de Rouen Dubois de la Villerabel. Notre petite chapelle, trop éloignée du hameau du Paulu fut abandonnée. Passée dans le domaine privé, elle était la proie des vandales : vitraux brisés, mobilier pillé, porte défoncée etc…
En 1984, Monsieur l’abbé Demange, en accord avec le comité des prêtres de la commune, voulut faire revivre une vieille tradition en célébrant la messe du dimanche 2 septembre à 10h45 en plein air devant la chapelle Saint Gilles, l’office fut accompagné par les trompes de chasse « Les échos de Luneray » et après, ce fut la traditionnelle vente de melons ! Ce fut une belle manifestation très appréciée de tous les paroissiens avec la nostalgie des anciens !
De nos jours, des pèlerins viennent encore prier Saint Gilles pour leurs enfants, qu’il les guérisse de la peur ou de retard à marcher, La petite chapelle Saint Gilles est devenue propriété de la commune qui s’emploie à la préserver ! Reverra-t-on un jour les grands pèlerinages d’antan si pittoresques avec la Cavée envahie d’attelages hippomobiles et la ferveur des pèlerins endimanchés ??
Hubert FINOT
N.B. : L’église des apparitions à l’Ile-Bouchard, est dédiée à Saint Gilles. Le grand vitrail derrière le maître autel y représente Saint Gilles blessé et sa biche nourricière !